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«De tous les Ordres de Chevalerie, aucun n’eût un
destin aussi extraordinaire que l’Ordre du Temple. Aucun n’eût
une telle influence sur la direction du monde, influence qui
dura longtemps
après sa disparition.»
MICHELET
Relater l’histoire de l’Ordre Souverain Militaire du Temple de Jérusalem (O.S.M.T.H./ O.S.M.T.J.), en quelques
pages serait une gageure! Durant presque deux cents ans, cet ordre prestigieux a pris
une place
si importante en Europe et au Moyen-Orient que les faits
qu’ils
ont accomplis et les événements qui se sont déroulés
durant toute cette période provoquent encore une forte
fascination
de nos jours.
Une littérature considérable a été consacrée à l’ordre du Temple, aux croisades et aux civilisations qui ont été le théâtre de ces événements. Nous vous proposons un résumé concernant l’histoire des templiers au Moyen Age.
Si quelques décennies après l’an Mil vous traversiez d’aventure l’Europe et la France, vous auriez certainement ressenti quelque surprise devant le chaos où s’était peu à peu enlisé l’Occident.
La première croisade, « la croisade populaire », prêchée
par Pierre l’Ermite avait entraîné sur les routes une
foule immense de malheureux, qui périrent en masse, bien avant
d’apercevoir
les rives de la Terre Sainte.
Disloquée et vidée, l’Europe se défend tant
bien que mal des invasions des Sarrasins et des Normands. Dans la France divisée, des luttes d’influence entre seigneurs
féodaux empêchent la réalisation de l’unité,
souhaitée par le roi. Seuls les monastères restent des havres
de paix et de culture.
Au-delà des mers, les progrès de l’Islam, la nouvelle
religion de Mahomet, représentent une terrible menace pour
l’Occident. Dans le même temps où la croisade de Pierre l’Ermite
se disperse aux quatre vents, des armées commandées par Godefroy
de Bouillon atteignent la ville de Jérusalem en juillet 1099.
En tant qu’Avoué du Saint Sépulcre, Godefroy de Bouillon y crée un royaume latin et d’autres états tels que ceux d’Antioche et de Tripoli. Bien que divisés eux aussi, les dénommés à l'époque «Infidèles» sont loin d’être vaincus. Ils harcèlent, pillent, massacrent les pèlerins qui se lancent sur des pistes aventureuses en direction des lieux Saints.
En 1119, groupés autour de Hugues de Payens, huit autres
chevaliers,
décident de se dévouer à la cause des pèlerins
qui se rendent en Palestine. Après quelque temps, Baudoin, le roi de Jérusalem, leur donne
comme résidence une partie des anciennes écuries du vieux
temple du roi Salomon, d’où leur nom : Les chevaliers de la
Milice du Temple, ou Templiers.
Le trône du roi est fragile, aussi Baudoin charge Hugues de Payens
d’aller plaider auprès du pape Honorius, l’organisation
d’une nouvelle croisade.
En 1128, a lieu à Troyes un important concile, auquel participent
d’importants dignitaires, ainsi que Bernard de Fontaines,
fondateur
de l’abbaye de Clairvaux, dont le rayonnement spirituel s’étendra
sur toute l’Europe.
C’est au cours de ce concile que l’ordre du Temple devient
officiel, et reçoit sa première Règle.
En 1148, le pape autorise les templiers à porter une croix de
couleur
rouge sur le côté gauche de leur manteau. Quant à l’étendard de l’ordre, il sera blanc
et noir et s’appellera « Baussant ».
Rapidement, après plusieurs voyages, grâce à son intelligence
et à son habileté, Hugues de Payens développe l’ordre.
Le Temple correspond par ses structures et ses buts, aux
aspirations
du moment ; pauvreté, charité, lutte contre les dits «Infidèles»,
puissance et unité face au chaos. A cela, s’ajoute un étonnant
réseau d’amitiés, de fidélité qui font
de ces moines soldats, des citoyens du monde avant la lettre.
Bénéficiant de tout un réseau de franchises administratives,
juridiques, et religieuses grâce à la bienveillance de Rome,
l’Ordre du Temple essaime en Orient et en Occident.
Durant toutes ces décennies, les maîtres se succèdent,
et font bâtir châteaux, commanderies et chapelles. Bien protégées ces places fortes deviennent les gardiennes
des trésors royaux, seigneuriaux et monastiques.
Les templiers font creuser des mines, construisent des
manufactures,
lancent sur les mers une flotte importante. A côté d’une vie temporelle intense et fructueuse, se
développe une vie spirituelle, nourrie de prières, et de
recherches.
Les symboles ne sont pas exempts de ces recherches, en exemple, le
chiffre trois qui régit la vie journalière du templier. Il communie trois fois par an, fait l’aumône trois fois par
semaine, le templier célèbre trois grandes fêtes, la
Trinité, la pentecôte, la saint Jean d’hiver et d’été. Noël et Pâques sont considérés comme de fêtes
secondaires.
Fiers de leurs forces militaires, morales et économiques, les
templiers
ne seront jamais véritablement au service des rois et des papes.
En Orient, leur principale préoccupation sera de servir les
intérêts
de l’Ordre et son prestige avant tout. Plus tard cette politique sera une des causes de leur perte.
Divers éléments semblent démontrer que les templiers
passant au dessus des passions essaient de mettre fin à la
rivalité entre
chrétiens et musulmans, et peut-être, préparer une
sorte de syncrétisme entre les religions du Livre. Ils essaient d’englober dans un tout cohérent les tendances
les plus diverses de la pensée occidentale et orientale.
Cette recherche d’unité va, par conséquent, les conduire à
imaginer
un nouveau type de société. Ils estiment que le Christ, est venu pour réunir les hommes.
Les templiers ne traitent pas toujours les musulmans comme des
hérétiques
ou des ennemis. Certes, ils luttent contre eux, mais au cours de
longues
pauses de paix, ils dialoguent, essaient de se comprendre, sans
pour autant
remettre en cause leur foi chrétienne.
Gardiens de la Terre Sainte, les templiers veulent une terre
d’unité,
pour les hommes de toute religion. Ils désirent allier la puissance, la richesse et leur force
politique
aux plus hautes réflexions philosophiques tel fut leur projet et
leur but, mais la tâche est trop lourde, trop importante, et ils échouent
dans ce domaine, projet qui va porter en lui un des germes de leur
destruction.
S’ils ont fasciné « les gens du siècle » les
seigneurs, les autres ordres de chevalerie, ils en ont également
provoqué leur hostilité. En 1244, Jérusalem tombe aux mains des dits «Infidèles».
En 1291, la prise de Saint Jean d’Acre marque la fin des Etats
Latins
de Palestine. Les templiers se retirent à Chypre et en France. France qu’ils
retrouvent au bord d’un gouffre financier à la suite d’une
mauvaise gestion de Philipe le Bel.
Ambitieux, jaloux, le roi encouragé par son conseiller Nogaret,
rêve d’abattre l’Ordre et de s’emparer de ses richesses. Le roi tient à sa merci le pape Clément V, élu grâce à son
appui au conclave de Pérouse en 1305.
Craignant pour sa sécurité à
Rome,
le pape s’était réfugié à Avignon. Clément v, faible et hésitant laisse Philippe le Bel et ses
ministres préparer la machine qui va broyer l’Ordre du Temple
Le 13 octobre 1307, selon les directives secrètes de Nogaret les
templiers sont arrêtés sans résistance. Commencent les procès, les aveux, les rétractations, les
tortures les accusations les plus monstrueuses.
Le sang, les crachats souillent la blancheur du manteau de ces
moines
soldats qui traversaient naguère, au grand galop, les provinces
du royaume de France, où de commanderie en commanderie, de château
en château, jetaient les fondements d’une vie et d’une
société nouvelles, imaginées à l’ombre
des collines de Jérusalem.
Certes, bien des accusations étaient fondées, avec le temps
et les recrutements hâtifs et incontrôlés de ses membres,
l’Ordre s’était écarté de la Règle
primitive et sévère, instituée au début de
sa fondation.
Un certain pourrissement de la doctrine et de la morale avait
rongé les
structures templières. Les ténèbres avaient envahi
l’Ordre, mais malgré toutes ces vicissitudes, il restait la
source authentique d’un renouveau que cette époque ne pouvait
supporter.
Le 3 avril 1312, par bulle « Vox in Excelcis » Clément
V, sans toutefois le condamner, prononce la dissolution de l’Ordre
du Temple. Deux ans plus tard, le 18 mars 1314, Jacques de Molay, dernier
Maître
de l'Ordre du Temple meurt sur un bûcher de l’île Saint
Louis à Paris.
Mais en ce soir tragique, seule l’enveloppe charnelle du Temple
est
réduite en cendres. Seuls des hommes ont brûlé et les
flammes qui les consumèrent n’ont pas détruit ce qu’ils
portaient en eux, l’Esprit de l’Ordre, son message d’harmonie
et d’équilibre qui flotte à jamais dans le temps.
Article de Frère Robert Gerbexs